Siegfried Lenz  (1926-2014)

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Siegfried Lenz, image Bundesarchiv, B 145 Bild-F030757-0019 / Schaack, Lothar / CC-BY-SA [CC BY-SA 3.0 de (http://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0/de/deed.en)], via Wikimedia Commons

 

 

La veille de l’ouverture de la Foire du Livre de Francfort, Siegfried Lenz a quitté la scène des lettres allemandes. Né en Mazurie en 1926, Lenz a été l’une des voix les plus discrètes des écrivains allemands d’après-guerre. Journaliste à ses débuts, au quotidien Die Welt, il avait suivi l’injonction de l’offi cier britannique de la commission de démobilisation à qui il avait raconté son odyssée : engagé à dix-sept ans dans la Kriegsmarine, envoyé au Danemark pour faire ses classes, il avait déserté et été fait prisonnier. « Speak it out » lui avait conseillé l’officier. Et Lenz l’a fait. Il a raconté le pouvoir totalitaire et les stratégies de résistance ou de collaboration élaborées par un professeur pour fuir la Carélie et le régime communiste : Es waren Habichte in der Luft (1951, non traduit en français) connut un immense succès. Mais pour beaucoup de lecteurs, dans le monde entier, Lenz reste essentiellement l’auteur de Deutschstunde (1968), son oeuvre majeure qui aborde la question de l’obéissance à l’autorité, en l’occurrence l’autorité politique nazie qui prétendait interdire le droit de peindre à l’artiste Max Ludwig Nansen (inspiré par Emil Nolde). C’est le fils du policier chargé de surveiller le peintre, figure de l’éternel exécutant, qui incarne le refus de l’autorité: l’autorité de l’État, mais aussi l’autorité paternelle. En ce sens, le roman de Lenz rejoint le nerf de la contestation de la génération des jeunes allemands de la fi n des années soixante: la culpabilité des pères dans leur obéissance aveugle aux chefs.

Mais Lenz n’est pas seulement un écrivain politique. Au fil de l’oeuvre, le lecteur découvre une écriture des clairs-obscurs toute en demi-teintes, très inspirée par la lumière de la Prusse orientale de son enfance et de l’Allemagne du nord qui était devenue sa seconde Heimat.

Siegfried Lenz a été un citoyen engagé, même si sa voix s’est toujours faite plus nuancée que celle de certains de ses collègues. Comme Günter Grass, il s’est engagé pour la politique d’ouverture à l’Est de Willy Brandt dont il a été l’ami, comme lui, il s’est insurgé contre ceux qui entendaient faire table rase du passé.

Prix des libraires pour la paix en 1988, Siegfried Lenz a publié une quarantaine de romans, récits, nouvelles et pièces de théâtre. Outre La Leçon d’allemand (Robert Laffont, 1971) sont parus en français Champ de tir (1985, De Fallois-L’Âge d’Homme, 1989), Le Dernier Bateau (1999, Robert Laffont, 2001), Une minute de silence (Robert Laffont, 2009), Le Bureau des objets trouvés (2003, Robert Laffont, 2011). Hélas il n’existe pas de traduction de son autre grand roman, Heimatmuseum (1978).

Nicole Bary

Bibliographie

En allemand
Es waren Habichte in der Luft, dtv,
1951, Heimatmuseum , Hoffmann und Campe, 1978, les deux non traduit en français
Deutschstunde, 1968;

en français
La Leçon d’allemand,
Robert Laffont, 1971; Le Dernier Bateau (1999, Robert Laffont, 2001), Une minute de silence , Robert Laffont, 2009, Le Bureau des objets trouvés, 2003, Robert Laffont, 2011
Champ de tir, 1985, De Fallois-L’Âge d’Homme, 1989

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